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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 09:20

 

 

 

 

les mots ne sont ils pas des rivières souterraines qui circulent en nous ?

quelle soif rassasient-ils?

et à quels océans les eaux chargées de nos limons se mêlent-elles ? 

ce n'est pas de ne pas dire les mots qui nous change en morts

c'est de ne pas avoir à les dire

ce n'est pas de ne plus se sentir aimé qui est affreux

c'est de ne pas pouvoir donner sa peau

de ne pas être qui il faut

 

 

 

 

 

 

 

 

Reflet-de-riviere.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

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23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 17:36

 

 

 

j'ai croisé tout le long du jour des femmes courageuses

elles m'ont sans le savoir tenu la tête encore en dehors de l'eau

elles ont cousu leurs plumes d'ange à ma peau

mêlant leurs ailes à mes bras

elles ne sont pas de celles qui tartinent le monde

qui le confiturent de  sucre gélifiant

elles me tiennent depuis mille ans

j'ai leurs yeux d'enfant

leurs partages de mères

leurs règles d'or

leurs chansons d'amour et de mort

rivées au corps

elles plient les linceuls

repassent les aubes

et délient les serments trop lourds

elles coulent elles aussi elles d'abord

l'or des jours

 

 

 

 

 

 002.jpg

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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 06:53

 

 

 

L'appel silencieux du chat derrière la vitre

les iris couchés par la violence des dernières pluies

le soleil aveuglant quand j'ouvre le volet sur la rue

la quasi pénombre des autres pièces lorsque je tourne le dos

les boîtes aux lettres que j'ouvre une à une 

et qui me parlent du vide

la surprise de la présence de Suzanne et son sourire

la leçon comprise lorsque je me suis souvenue de sa dignité d'enfant

l'homme couché dans cette chambre qui ne doute jamais de moi

l'incroyable durée de ma vie.

 

 

 

 

 

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18 avril 2013 4 18 /04 /avril /2013 10:41

 

 

 

Me réveiller comme le sable infiniment morcelé sur les dunes et m'envoler,

égrainée sans espoir de vivre ailleurs autre chose. Etre là et ne pas y être.

Tout permettre. Jamais l'eau ni le vent n'ont été aussi inutiles et vains.

Tout est égaré et présent ici. La vie et son absence sans un cri se laissent balayer. 

Soufflent les vents chauds ou froids. 

L'absence est la présence.

C'est le désert.

 

 

 

*

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 21:13

 

 

 

 

 

 

laisser doucement glisser sa voix au dedans de mes yeux

puis dans ma peau puis au plus profond

impact intact

là tout près des vagues

de l'âme en joie

éprise

la laisser se placer et pousser un peu les limites

de l'inaudible invisible impalpable

lit 

la laisser nidifier

 

 

 

 

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 06:58

 

 

C'est incroyable comme un autre esprit peut éveiller notre esprit à des choses qu'avant il ne voyait pas. Ce matin j'ai VU danser dans ma tête les formes et les couleurs de mes pensées. Elles volaient de toutes part, telles des fragments de villes vues ou aperçues d'un hélicoptère: losanges et obliques se fondant, se superposant et s'effaçant , orange et bleus électriques apparaissant et disparaissant. Je sais qu'elles étaient là avant, planant tels des papillons de nuit que seul un phare éclaire. Parfois une échancrure abrupte et abyssale comme un précipice brisait ma vision. Si je peux entr'apercevoir les fulgurances de mes pensées, alors que jusqu'à présent je me les dissimulais à moi-même, trop occupée du bouillon des choses que ces assemblages provoquaient en moi, que pourrai-je apercevoir encore ? J'attends avec impatience le livre de Lusseyran, moi qui, comme bien des peintres, crains plus que tout d'être privée de la vue. J'ai toujours su qu'au plus profond un soleil était endormi en moi, je l'ai vu lorsque je donnais la vie. A chaque fois.

 

 

 

 


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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 19:03

 

 

je sais que nous ne sommes que boue

je sais que nous ne sommes que passagers du temps

je sais que rien ne sert à rien

et pourtant

nous aimons

nous souffrons

nous mettons au monde des enfants

les mystères sont faits pour être gardés, et aimés.

 

 

 

 

 

 

 neo-luminism-Da-Luz-Steven.jpg

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 18:32

 

 

 

 

je dispose pour tes reins d'une douceur particulière  comme desarmée 

pour tes paupières la transparence diaprée des baisers mouillés des matins partagés

pour la poussière qui nous compose l'éternité transpercée d'amour 

le silence si digne de tes larmes sur mes joues

la clarté radieuse illuminant notre pauvre humanité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 08:39

 

 

 

je veux retrouver mon nom

j'en ai pris trop souvent qui ne m'appartenaient pas

effacer les inutiles déchets

ceux qu'on n'écrit pas avec la main

par ton silence tu me rends au mien

par ton absence tu me rends ma propre présence

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cai-Hezhou.jpg

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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 20:35

 

 

 

 

envahissant tout d'une lumière rouge et or le sommeil descend doucement sur mes paupières

bien sûr je n'aurai pas ce soir tes mains posées bien à plat sur le drap ni ta tête penchée sur l'oreiller

je n'entendrai pas tes rêves entrer et sortir des soupirs et des sursauts de ton coeur et de tes jambes

il nous faudra attendre l'heure des retrouvailles où tout se remet en place comme les boutons d'un manteau

la tristesse infinie des jours sans l'autre en apparence s'effacera contre une ration de baisers silencieux et longs

il n'y a rien à dire tu sais tout est si clair entre nous l'absence n'est qu'une vilaine balafre que l'on recoud

patiemment et sans rage car ce n'est pas là qu'est le centre battant et vulnérable de l'amour

fais ce que tu dois je ferai de même le matin revient presque toujours au même endroit sur ta joue

c'est là que je me dénoue.

 

 

 

 

 

 

 

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Renaître Ici Encore Une Fois .

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  • : Ce blog est une création en devenir, un parcours semé de gravats et de bonnes intentions, comme l'enfer.
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Les grands frères


Amis pleins de rumeurs où êtes-vous ce soir

Dans quel coin de ma vie longtemps désaffecté ?

Oh ! Je voudrais pouvoir sans bruit vous faire entendre

Ce minutieux mouvement d'herbe de mes mains

Cherchant vos mains parmi l'opaque sous l'eau plate

D'une journée, le long des rives du destin !

Qu'ai-je fait pour vous retenir quand vous étiez

Dans les mornes eaux de ma tristesse, ensablés

Dans ce bief de douceur où rien ne compte plus

Que quelques gouttes d'une pluie très pure comme les larmes ?

Pardonnez-moi de vous aimer à travers moi

De vous perdre sans cesse dans la foule

O crieurs de journaux intimes seuls prophètes

Seuls amis en ce monde et ailleurs !

 

René Guy Cadou

 

 

 


L'HOMME APPROXIMATIF (extrait)

 

I

 

dimanche lourd couvercle sur le bouillonnement du sang

hebdomadaire poids accroupi sur ses muscles

tombé à l'intérieur de soi-même retrouvé

les cloches sonnent sans raison et nous aussi

sonnez cloches sans raison et nous aussi

nous nous réjouirons au bruit des chaînes

que nous ferons sonner en nous avec les cloches

 

quel est ce langage qui nous fouette nous sursautons dans la lumière

nos nerfs sont des fouets entre les mains du temps

et le doute vient avec une seule aile incolore

se vissant se comprimant s'écrasant en nous

comme le papier froissé de l'emballage défait

cadeau d'un autre âge aux glissements des poissons d'amertume

 

les cloches sonnent sans raison et nous aussi

les yeux des fruits nous regardent attentivement

et toutes nos actions sont contrôlées il n'y a rien de caché

l'eau de la rivière a tant lavé son lit

elle emporte les doux fils des regards qui ont traîné

aux pieds des murs dans les bars léché des vies

alléché les faibles lié des tentations tari des extases

creusé au fond des vieilles variantes

et délié les sources des larmes prisonnières

les sources servies aux quotidiens étouffements

les regards qui prennent avec des mains desséchées

le clair produit du jour ou l'ombrageuse apparition

qui donnent la soucieuse richesse du sourire

vissée comme une fleur à la boutonnière du matin

ceux qui demandent le repos ou la volupté

les touchers d'électriques vibrations les sursauts

les aventures le feu la certitude ou l'esclavage

les regards qui ont rampé le long des discrètes tourmentes

usé les pavés des villes et expié maintes bassesses dans les aumônes

se suivent serrés autour des rubans d'eau

et coulent vers les mers en emportant sur leur passage

les humaines ordures et leurs mirages

 

l'eau de la rivière a tant lavé son lit

que même la lumière glisse sur l'onde lisse

et tombe au fond avec le lourd éclat des pierres

 

les cloches sonnent sans raison et nous aussi

les soucis que nous portons avec nous

qui sont nos vêtements intérieurs

que nous mettons tous les matins

que la nuit défait avec des mains de rêve

ornés d'inutiles rébus métalliques

purifiés dans le bain des paysages circulaires

dans les villes préparées au carnage au sacrifice

près des mers aux balayements de perspectives

sur les montagnes aux inquiètes sévérités

dans les villages aux douloureuses nonchalances

la main pesante sur la tête

les cloches sonnent sans raison et nous aussi

nous partons avec les départs arrivons avec les arrivées

partons avec les arrivées arrivons quand les autres partent

sans raison un peu secs un peu durs sévères

pain nourriture plus de pain qui accompagne

la chanson savoureuse sur la gamme de la langue

les couleurs déposent leur poids et pensent

et pensent ou crient et restent et se nourrissent

de fruits légers comme la fumée planent

qui pense à la chaleur que tisse la parole

autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous

 

les cloches sonnent sans raison et nous aussi

nous marchons pour échapper au fourmillement des routes

avec un flacon de paysage une maladie une seule

une seule maladie que nous cultivons la mort

je sais que je porte la mélodie en moi et n'en ai pas peur

je porte la mort et si je meurs c'est la mort

qui me portera dans ses bras imperceptibles

fins et légers comme l'odeur de l'herbe maigre

fins et légers comme le départ sans cause

sans amertume sans dettes sans regret sans

les cloches sonnent sans raison et nous aussi

pourquoi chercher le bout de la chaîne qui nous relie à la chaîne

sonnez cloches sans raison et nous aussi

nous ferons sonner en nous les verres cassés

les monnaies d'argent mêlées aux fausses monnaies

les débris des fêtes éclatées en rire et en tempête

aux portes desquelles pourraient s'ouvrir les gouffres

les tombes d'air les moulins broyant les os arctiques

ces fêtes qui nous portent les têtes au ciel

et crachent sur nos muscles la nuit du plomb fondu

 

je parle de qui parle qui parle je suis seul

je ne suis qu'un petit bruit j'ai plusieurs bruits en moi

un bruit glacé froissé au carrefour jeté sur le trottoir humide

aux pieds des hommes pressés courant avec leur morts autour de la mort qui étend ses bras

sur le cadran de l'heure seule vivante au soleil

 

le souffle obscur de la nuit s'épaissit

et le long des veines chantent les flûtes marines

transposées sur les octaves des couches de diverses existences

les vies se répètent à l'infini jusqu'à la maigreur atomique

et en haut si haut que nous ne pouvons pas voir avec ces vies à côté que nous ne voyons pas

l'ultra-violet de tant de voies parallèles

celles qui nous aurions pu prendre

celles par lesquelles nous aurions pu ne pas venir au monde

ou en être déjà partis depuis longtemps si longtemps

qu'on aurait oublié et l'époque et la terre qui nous aurait sucé la chair

sels et métaux liquides limpides au fond des puits

 

je pense à la chaleur que tisse la parole

autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous

 

Tristan Tzara




FOURMI



Une fourmi fait un trajet
De cette branche à cette pierre
Une fourmi, taille ordinaire
Sans aucun signe distinctif
Ce matin, juin, je crois le sept.
Elle porte un brin, un fétu
Cette fourmi, taille ordinaire
Qui n'a pas la moindre importance
Passe d'un trot simple et normal

Il va pleuvoir, cela se sent
Et je suis seul. Moi, seul au monde
Ai vu passer cette fourmi
Au temps des Grecs et des Romains
D'autres fourmis couraient ainsi
Dont rien jamais ne parle plus
Cette fourmi, taille ordinaire
Sans aucun signe distinctif
Qui serait-elle ? Comment va-t-elle ?

Et toi et moi qui sommes-nous ?
Et comment tournent les planètes
Qui n'ont pas la moindre importance ?
Que fait l'histoire au fond des cœurs
Et comment battent ces cœurs d'hommes
Qui n'ont pas la moindre importance ?
Que font les fourmis de l'esprit ?

Ce matin, juin, je crois, le sept.
Sans aucun signe distinctif
Il va pleuvoir, cela se sent
Cela fera du bien aux champs
- Et ta fourmi, taille ordinaire
Qu'en as-tu fait ? Que devient-elle ?
Crois-tu qu'elle était amoureuse ?
Crois-tu qu'elle avait faim ou soif ?
Crois-tu qu'elle était vieille ou jeune
Ou triste ou gaie ?
Intelligente ou bien quelconque ?
Pourquoi, pourquoi
Pourquoi, pourquoi
Ça n'a-t-il pas plus d'importance ?
Pourquoi, pourquoi
Ça n'a-t-il pas plus d'importance ?
Pourquoi... Pourquoi
Pourquoi... Pourquoi
Pourquoi... Pourquoi
Pourquoi ?


NORGE

 

« On est devenu soi-même imperceptible et clandestin dans un voyage immobile. Plus rien ne peut se passer, ni s'être passé. Plus personne ne peut rien pour moi ni contre moi. Mes territoires sont hors de prise, et pas parce qu'ils sont imaginaires, au contraire : parce que je suis en train de les tracer. Finies les grandes ou les petites guerres. Finis les voyages, toujours à la traîne de quelque chose. Je n'ai plus aucun secret, à force d'avoir perdu le visage, forme et matière. Je ne suis plus qu'une ligne. Je suis devenu capable d'aimer, non pas d'un amour universel abstrait, mais celui que je vais choisir, et qui va me choisir, en aveugle, mon double, qui n'a pas plus de moi que moi. On s'est sauvé par amour et pour l'amour, en abandonnant l'amour et le moi. On n'est plus qu'une ligne abstraite, comme une flèche qui traverse le vide. Déterritorialisation absolue. On est devenu comme tout le monde, mais à la manière dont personne ne peut devenir comme tout le monde. On a peint le monde sur soi, et pas soi sur le monde. » Gilles Deleuze




Que Cherches-Tu ?

...par ici il y a du soleil !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vagues à l'âme...