"Il y a un autre monde en gestation dans le ventre de celui-ci" Eduardo Galeano
Un grand merci à Monsieur Triste pour cette splendide bannière...
Une dame, d'un âge moyen mais incertain, tout à fait digne, s'engagea dans le hall de la gare. Elle était un peu en avance, n'aimant pas être en retard Dans sa tête et son appareil photo elle avait plein de souvenirs à déguster Pour plus tard quand elle...
Elle était la plus insignifiante de leur groupe des quatre Ni belle ni intrigante plus transparente qu'une porte fenêtre Maladroite dans ses mots et dans sa tête se cognant partout Aux objets tout comme aux êtres sans jugeotte et sans retenue Elle ne...
Pour SL Faut pas le dire à ma mère... que j'écris... Quand j'étais petite, elle lisait mon journal intime C'est cuit. Elle m'a dit "ce que tu écris, c'est tellement vulgaire, On dirait que c'est ton père qui l'a dit" Faut pas lui dire que je continue...
après toutes ces plumes tirées une à une de ton oreiller y mettrais tu de la mousse pour qu'enfin j'y couche mes derniers cheveux ? de tous les draps qui traînent en choisirais tu deux dépareillés ? un comme une tente sans aucun piquet et un pour être...
Ce mariage était bien particulier. Un marié qui se marie tout nu à côté d'une belle fille en robe blanche, on ne voyait pas ça tous les jours. Mon père s'en offusqua un peu "quand même, quand même, qu'est-ce qu'ils ne feraient pas pour se faire remarquer...
Au risque d'y perdre ta vie Au risque de t'y perdre A travers les méandres compliqués des chemins que la langue prend dans nos bouches et dans nos têtes dans nos corps désarmés et désarmants Au risque de disparaître en mer ou sous la terre Au risque d'aller...
L'appel silencieux du chat derrière la vitre les iris couchés par la violence des dernières pluies le soleil aveuglant quand j'ouvre le volet sur la rue la quasi pénombre des autres pièces lorsque je tourne le dos les boîtes aux lettres que j'ouvre une...
Sur une petite colline une maison plate Devant, trois arbres, dont deux se sont couchés Les champs sont mauve entrecoupés de jaune les nuages sont comme des chamallows orangés et roses bordés de bleu papier toilette et c'est beau le regard peut s'évader...
[...] "En effet, la chute est toujours différente en fonction du contexte et de l’objet qui tombe. Elle peut être comme l’éclair synonyme d’un fracas tout comme elle peut s’éteindre dans un bruit sourd, voire inaudible quand elle se résume au flottement...
la parole emportera tout sur son passage le donné et le rendu d'amour déversé comme en dépôt sédiment devenu aride par trop de sécheresse amoncelée émotions en crue larmes inutiles fossilisées irradiations incontrôlables cris la parole telle une rivière...
Mystérieux vous l'êtes mes amours Diamants sertis de boue Qui, on ne sait comment, tiennent parfois debout Boules à facettes , toupies, derviches en friche Armurés d'émois tous plus grands que vous Prêts à tout A l'ultime blessure qui vous rouera encore...
Me réveiller comme le sable infiniment morcelé sur les dunes et m'envoler, égrainée sans espoir de vivre ailleurs autre chose. Etre là et ne pas y être. Tout permettre. Jamais l'eau ni le vent n'ont été aussi inutiles et vains. Tout est égaré et présent...
C'est incroyable comme un autre esprit peut éveiller notre esprit à des choses qu'avant il ne voyait pas. Ce matin j'ai VU danser dans ma tête les formes et les couleurs de mes pensées. Elles volaient de toutes part, telles des fragments de villes vues...
Dormir dans l'odeur de terre l'odeur de semis l'odeur de chair Dormir bercée par le chant des premiers hommes Ceux qui s'unirent pour n'être qu'une seule voix Montant dans la nuit vers là-haut Là où on ne sait pas Là où on espère. Dormir contre toi Contre...
Elle s'est posée sur le plus délicat des nuages Il était si doux si chaud si doux si chaud En se mettant sur la pointe des pieds Elle pouvait regarder si loin si loin Et puis le nuage a commencé à pleurer Doucement d'abord comme pour qu'on n'entende rien...
Ils passent à côté d'elles sans les entendre, sans les voir , sans les toucher Elles les attendent, se tendent, guettent. Ils pensent à autre chose, font tant d'autres choses Elles sont comme des fleurs, comme des fleurs qui font des fruits, Et puis fânent....
* maintenant il y a en trop les grandes orgues les musiques qui n'en finissent plus les vies qui n'en ont jamais assez les plaies mal refermées si on les laissait ? * le présent est un cadeau bien plus beau que le plus beau des présents je ne me lasserai...
je dispose pour tes reins d'une douceur particulière comme desarmée pour tes paupières la transparence diaprée des baisers mouillés des matins partagés pour la poussière qui nous compose l'éternité transpercée d'amour le silence si digne de tes larmes...
alors la petite musique ? celle de l'intèrieur ? celle qui pleure ? alors la pluie? la pluie sur les joues, comme un chien au ciel qui se secoue alors la mousse, une glissade contre sa peau si douce viendrait à la rescousse alors l'amour, l'amour sans...
le matin n'est pas fait pour attendre le matin est fait pour se lever et aller voir le matin n'est pas fait pour regarder la flamme d'une bougie vaciller le matin se passe de bougie mais vacille parfois tout de même le matin est fait pour ouvrir les boîtes...
marcher de long en large dans cette cage en connaître chaque barreau m'y être déjà plus d'une fois frottée jusqu'au sang me coucher au plus près pour que leurs doigts en passant me frôlent y avoir laissé plumes et lambeaux de peau y arracher les dents...
marcher de long en large dans cette cage en connaître chaque barreau m'y être déjà plus d'une fois frottée jusqu'au sang me coucher au plus près pour que leurs doigts en passant me frôlent y avoir laissé plumes et lambeaux de peau y arracher les dents...
"le plus sûr moyen de ne pas être cru est de dire la vérité " Amélie Nothomb J'étais dans le métro, c'était l'heure de pointe, mais en bout de rame, les gens commençaient à se raréfier... La jeune fille vint s'asseoir en face de moi et commença à me dévisager....
ANGE Couleurs en colère Il fait nuit La ville est triste Les violons sans âmes Tu es libre, équilibriste, Sur le fil d'une flamme Tu peux encore dire tout c'que tu penses Sans tomber dans la gueule des loups Raccrocher la colère au silence Pour éviter...
Il sortit et la solitude le reprit tout de suite de plein fouet. Ca lui faisait le même coup à chaque fois, mais il ne pouvait s’y habituer. Comme un arôme noir issu du plus profond de lui-même, elle remontait et une fois dehors, rien ne pouvait arrêter...
Amis pleins de rumeurs où êtes-vous ce soir
Dans quel coin de ma vie longtemps désaffecté ?
Oh ! Je voudrais pouvoir sans bruit vous faire entendre
Ce minutieux mouvement d'herbe de mes mains
Cherchant vos mains parmi l'opaque sous l'eau plate
D'une journée, le long des rives du destin !
Qu'ai-je fait pour vous retenir quand vous étiez
Dans les mornes eaux de ma tristesse, ensablés
Dans ce bief de douceur où rien ne compte plus
Que quelques gouttes d'une pluie très pure comme les larmes ?
Pardonnez-moi de vous aimer à travers moi
De vous perdre sans cesse dans la foule
O crieurs de journaux intimes seuls prophètes
Seuls amis en ce monde et ailleurs !
René Guy Cadou
L'HOMME APPROXIMATIF (extrait)
I
dimanche lourd couvercle sur le bouillonnement du sang
hebdomadaire poids accroupi sur ses muscles
tombé à l'intérieur de soi-même retrouvé
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
sonnez cloches sans raison et nous aussi
nous nous réjouirons au bruit des chaînes
que nous ferons sonner en nous avec les cloches
quel est ce langage qui nous fouette nous sursautons dans la lumière
nos nerfs sont des fouets entre les mains du temps
et le doute vient avec une seule aile incolore
se vissant se comprimant s'écrasant en nous
comme le papier froissé de l'emballage défait
cadeau d'un autre âge aux glissements des poissons d'amertume
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
les yeux des fruits nous regardent attentivement
et toutes nos actions sont contrôlées il n'y a rien de caché
l'eau de la rivière a tant lavé son lit
elle emporte les doux fils des regards qui ont traîné
aux pieds des murs dans les bars léché des vies
alléché les faibles lié des tentations tari des extases
creusé au fond des vieilles variantes
et délié les sources des larmes prisonnières
les sources servies aux quotidiens étouffements
les regards qui prennent avec des mains desséchées
le clair produit du jour ou l'ombrageuse apparition
qui donnent la soucieuse richesse du sourire
vissée comme une fleur à la boutonnière du matin
ceux qui demandent le repos ou la volupté
les touchers d'électriques vibrations les sursauts
les aventures le feu la certitude ou l'esclavage
les regards qui ont rampé le long des discrètes tourmentes
usé les pavés des villes et expié maintes bassesses dans les aumônes
se suivent serrés autour des rubans d'eau
et coulent vers les mers en emportant sur leur passage
les humaines ordures et leurs mirages
l'eau de la rivière a tant lavé son lit
que même la lumière glisse sur l'onde lisse
et tombe au fond avec le lourd éclat des pierres
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
les soucis que nous portons avec nous
qui sont nos vêtements intérieurs
que nous mettons tous les matins
que la nuit défait avec des mains de rêve
ornés d'inutiles rébus métalliques
purifiés dans le bain des paysages circulaires
dans les villes préparées au carnage au sacrifice
près des mers aux balayements de perspectives
sur les montagnes aux inquiètes sévérités
dans les villages aux douloureuses nonchalances
la main pesante sur la tête
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
nous partons avec les départs arrivons avec les arrivées
partons avec les arrivées arrivons quand les autres partent
sans raison un peu secs un peu durs sévères
pain nourriture plus de pain qui accompagne
la chanson savoureuse sur la gamme de la langue
les couleurs déposent leur poids et pensent
et pensent ou crient et restent et se nourrissent
de fruits légers comme la fumée planent
qui pense à la chaleur que tisse la parole
autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
nous marchons pour échapper au fourmillement des routes
avec un flacon de paysage une maladie une seule
une seule maladie que nous cultivons la mort
je sais que je porte la mélodie en moi et n'en ai pas peur
je porte la mort et si je meurs c'est la mort
qui me portera dans ses bras imperceptibles
fins et légers comme l'odeur de l'herbe maigre
fins et légers comme le départ sans cause
sans amertume sans dettes sans regret sans
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
pourquoi chercher le bout de la chaîne qui nous relie à la chaîne
sonnez cloches sans raison et nous aussi
nous ferons sonner en nous les verres cassés
les monnaies d'argent mêlées aux fausses monnaies
les débris des fêtes éclatées en rire et en tempête
aux portes desquelles pourraient s'ouvrir les gouffres
les tombes d'air les moulins broyant les os arctiques
ces fêtes qui nous portent les têtes au ciel
et crachent sur nos muscles la nuit du plomb fondu
je parle de qui parle qui parle je suis seul
je ne suis qu'un petit bruit j'ai plusieurs bruits en moi
un bruit glacé froissé au carrefour jeté sur le trottoir humide
aux pieds des hommes pressés courant avec leur morts autour de la mort qui étend ses bras
sur le cadran de l'heure seule vivante au soleil
le souffle obscur de la nuit s'épaissit
et le long des veines chantent les flûtes marines
transposées sur les octaves des couches de diverses existences
les vies se répètent à l'infini jusqu'à la maigreur atomique
et en haut si haut que nous ne pouvons pas voir avec ces vies à côté que nous ne voyons pas
l'ultra-violet de tant de voies parallèles
celles qui nous aurions pu prendre
celles par lesquelles nous aurions pu ne pas venir au monde
ou en être déjà partis depuis longtemps si longtemps
qu'on aurait oublié et l'époque et la terre qui nous aurait sucé la chair
sels et métaux liquides limpides au fond des puits
je pense à la chaleur que tisse la parole
autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous
Tristan Tzara
FOURMI
Une fourmi fait un trajet
De cette branche à cette pierre
Une fourmi, taille ordinaire
Sans aucun signe distinctif
Ce matin, juin, je crois le sept.
Elle porte un brin, un fétu
Cette fourmi, taille ordinaire
Qui n'a pas la moindre importance
Passe d'un trot simple et normal
Il va pleuvoir, cela se sent
Et je suis seul. Moi, seul au monde
Ai vu passer cette fourmi
Au temps des Grecs et des Romains
D'autres fourmis couraient ainsi
Dont rien jamais ne parle plus
Cette fourmi, taille ordinaire
Sans aucun signe distinctif
Qui serait-elle ? Comment va-t-elle ?
Et toi et moi qui sommes-nous ?
Et comment tournent les planètes
Qui n'ont pas la moindre importance ?
Que fait l'histoire au fond des cœurs
Et comment battent ces cœurs d'hommes
Qui n'ont pas la moindre importance ?
Que font les fourmis de l'esprit ?
Ce matin, juin, je crois, le sept.
Sans aucun signe distinctif
Il va pleuvoir, cela se sent
Cela fera du bien aux champs
- Et ta fourmi, taille ordinaire
Qu'en as-tu fait ? Que devient-elle ?
Crois-tu qu'elle était amoureuse ?
Crois-tu qu'elle avait faim ou soif ?
Crois-tu qu'elle était vieille ou jeune
Ou triste ou gaie ?
Intelligente ou bien quelconque ?
Pourquoi, pourquoi
Pourquoi, pourquoi
Ça n'a-t-il pas plus d'importance ?
Pourquoi, pourquoi
Ça n'a-t-il pas plus d'importance ?
Pourquoi... Pourquoi
Pourquoi... Pourquoi
Pourquoi... Pourquoi
Pourquoi ?
NORGE
« On est devenu soi-même imperceptible et clandestin dans un voyage immobile. Plus rien ne peut se passer, ni s'être passé. Plus personne ne peut rien pour moi ni contre moi. Mes territoires sont hors de prise, et pas parce qu'ils sont imaginaires, au contraire : parce que je suis en train de les tracer. Finies les grandes ou les petites guerres. Finis les voyages, toujours à la traîne de quelque chose. Je n'ai plus aucun secret, à force d'avoir perdu le visage, forme et matière. Je ne suis plus qu'une ligne. Je suis devenu capable d'aimer, non pas d'un amour universel abstrait, mais celui que je vais choisir, et qui va me choisir, en aveugle, mon double, qui n'a pas plus de moi que moi. On s'est sauvé par amour et pour l'amour, en abandonnant l'amour et le moi. On n'est plus qu'une ligne abstraite, comme une flèche qui traverse le vide. Déterritorialisation absolue. On est devenu comme tout le monde, mais à la manière dont personne ne peut devenir comme tout le monde. On a peint le monde sur soi, et pas soi sur le monde. » Gilles Deleuze
ces énergies qui nous gouvernent
Besos de Tilk
Guerre civile et yaourt allégé
Le canard du coin (Antraigues)
Petit Poucet Rêveur