"Il y a un autre monde en gestation dans le ventre de celui-ci" Eduardo Galeano
Un grand merci à Monsieur Triste pour cette splendide bannière...
Il fait un peu moins chaud. On voudrait ouvrir toutes les fenêtres à la fois mais les jeunes voisins ont choisi aujourd'hui pour écouter des sons qui tapent directement au pouls. On n'ouvre donc que la moitié, du côté du silence. Je suis fatiguée, je...
Se peut-il que nous ayons la nostalgie du désir ? Comme d'autres ont la nostalgie de la lumière ? Et qu'alors pour avancer nous soyons moins fiers Et qu'alors nous nous enfoncions dans le pire ? Se peut-il que pour refuser d'être changés en pierre Nous...
Je ne crois pas aux paroles attrapées au hasard (Sa semence brille comme des diamants dans la lumière) Je crois à l'enchevêtrement des nuits A la précaire alchimie des couples Aux ingrédients empoisonnés qui les lient Quand la petite musique se pointe...
De si loin que les mots ne veulent plus rien dire Du tréfonds de là où tu me renvoies De toi, de moi dont peut-être rien ne subsistera De la distance qu'on met entre tous les gestes Du train qui part sans aucun de nous Du voyage retour qu'on ne fera plus...
je n'aime pas quand on profite des gens des choses sans plus se soucier des lendemains des pots cassés des marques laissées des griffes marquées sur les côtés je n'aime pas mais c'est vrai sans doute parfois je l'ai fait c'est vrai je n'aime pas rentrer...
Tu vas te réveiller Tu seras debout au bord de l'océan la nuit Elle sera déroulée dans un drap Son corps battant la chamade Ses bras agitant l'aurevoir au vide Ne voulant pas lui infliger ce présent là. Tous les jours tous les jours dans cet ordre là...
Elle savait bien que la fête était finie Que chacun allait rentrer chez soi Comme si de rien n'était Et cette musique dans le silence était si édifiante Elle disait tout ce qu'elle ne pouvait pas Il lui aurait juste fallu tellement de douceur Et son doigt...
le souffle obscur de la nuit s'épaissit et le long des veines chantent les flûtes marines transposées sur les octaves des couches de diverses existences les vies se répètent à l'infini jusqu'à la maigreur atomique et en haut si haut que nous ne pouvons...
J'ai peur des balafres sur le cœur Des coups d'poignards qui blessent les humeurs J'ai peur des belles aventurières Des Albertine de roman Qui emprisonnent leurs amants J'ai peur des griffes qui défigurent Qui font des larmes sur la figure J'ai peur d'être...
j'ai mis ma tête dans la sienne un nom dans sa bouche j'en ai changé je l'ai trahi j'ai mis ...mon corps dans sa vie mon âme dans la terre la terre dans le jardin j'ai mis ...le doigt dans l'engrenage la charrue avant les boeufs je suis passée devant...
j'ai choisi ce moment pour aller au bout il est huit heures et rien ne se réveille mes doigts pourtant sont là au bout de mes mains l'amour aussi comme un background lointain le matin me cherche et ne me trouve pas il faudra remonter doucement emprunter...
J'ai retrouvé ma nuit, celle qui durera encore peut-être vingt ou trente ans Celle où dans la maison d'à côté une main soulève pour la première fois une chemise de soie J'ai replongé dans la fascination où la pensée attend les mots puis les atteint comme...
Il y a un endroit quelque part c'est sûr un espace suspendu dans le vide un fauteuil un banc ou une simple chaise posée un endroit de silence et de paix et de sérénité, de joie intense un moment où plus rien ne pèse où rien ne bouge où rien n'existe comme...
Que cherches tu encore au fond de mon verre ? Du liquide salé où on ne peut même pas se noyer ? Parfois les gens me demandent Pourquoi ils ne comprennent rien C'est juste qu'il n'y a ni début ni fin Tout est si plat Je ne suis pas celle qui commande Si...
Elle voulait être ange démon elle voulait Elle voulait être caillou être chair être mère Elle voulait un début une fin un milieu Quelque chose qui équilibre un but une main Elle ramassait des fièvres des virus des plaies Collectionnait les cauchemars...
Alors que la Grèce est placée sous tutelle de la Troïka, que l’Etat réprime les manifestations pour rassurer les marchés et que l’Europe poursuit les renflouements financiers, le compositeur Mikis Theodorakis a appelé les grecs à combattre et mis en garde...
... Elle revint vers lui et lui dit : "Vous savez, ce qui est difficile, c'est de ne plus avoir personne qui vous dit "je t'aime" chaque jour." Il la regarda un peu perplexe. Elle ajouta : "je sais ce que vous pensez, vous vous dites que tous les jours...
Les gens qui savent mettre un terme à leur histoire Les cent cinquante mille autres qui errent dans les rues de France Le mélange improbable du général et du particulier Le dégoût qui me prend en allumant ta télé La pluie qu'on attend comme des plantes...
"Il me donnait la main tout à l'heure, se dit Aurore, et nous marchions dans les champs. Il a le bras solide et léger. " Il lui semblait que cette main était maintenant très loin d'elle. Que jamais plus il ne la regarderait avec ses yeux doux si clairs...
faudrait que ça explose, faudrait que ça pète, faudrait de la vie là-dedans, faudrait des gens, faudrait que ça chante, faudrait que ça change, faudrait faudrait pas être obligé de le répéter tout le temps, faudrait de la joie, faudrait de l'amour, faudrait...
Elle ne voulait plus ni l'amour ni l'ennui Ni le bien ni le mal Ni les joies goulayantes ni les heures d'attente Ni le bruit ni le silence Elle ne savait plus ni le plaisir ni le dédain Et tout ce qu'il disait coulait comme un bain Partait par la bonde...
J'aurais voulu être Higelin quand il a roulé une pelle à Trénet J'aurais voulu être Gauguin quand il a rencontré Van Gogh J'aurais voulu être Céline quand il a écrit "Voyage au bout de la nuit" J'aurais voulu être Beethoven quand il a écrit la neuvième...
Rapt rupture rature J'ai ri quand on m'a dit qui j'étais Ils me connaissaient tellement mieux que moi Ils avaient posé tant de jalons La fin de l'histoire était toute tracée Il y a des gens Qu'on peut juste ne pas aimer On ne peut pas les serrer dans...
Maxime Le Forestier MAUVE Paroles: Kernoa, musique: Maxime Le Forestier, 1973 La brume a des remords de fleuve Et d'étang. Les oiseaux nagent dans du mauve. Les mots de ma plume se sauvent Me laissant Avec des phrases qui ne parlent Que de tourments....
Il y a le côté où tu es et celui que je ne connaissais pas Une porte endormie sans doute aux brûlures de l'ennui Une porte qui battait dans le vide de mes paupières bleues Une porte contre laquelle je ne voulais pas poser l'oreille Et pourtant voilà C'était...
Amis pleins de rumeurs où êtes-vous ce soir
Dans quel coin de ma vie longtemps désaffecté ?
Oh ! Je voudrais pouvoir sans bruit vous faire entendre
Ce minutieux mouvement d'herbe de mes mains
Cherchant vos mains parmi l'opaque sous l'eau plate
D'une journée, le long des rives du destin !
Qu'ai-je fait pour vous retenir quand vous étiez
Dans les mornes eaux de ma tristesse, ensablés
Dans ce bief de douceur où rien ne compte plus
Que quelques gouttes d'une pluie très pure comme les larmes ?
Pardonnez-moi de vous aimer à travers moi
De vous perdre sans cesse dans la foule
O crieurs de journaux intimes seuls prophètes
Seuls amis en ce monde et ailleurs !
René Guy Cadou
L'HOMME APPROXIMATIF (extrait)
I
dimanche lourd couvercle sur le bouillonnement du sang
hebdomadaire poids accroupi sur ses muscles
tombé à l'intérieur de soi-même retrouvé
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
sonnez cloches sans raison et nous aussi
nous nous réjouirons au bruit des chaînes
que nous ferons sonner en nous avec les cloches
quel est ce langage qui nous fouette nous sursautons dans la lumière
nos nerfs sont des fouets entre les mains du temps
et le doute vient avec une seule aile incolore
se vissant se comprimant s'écrasant en nous
comme le papier froissé de l'emballage défait
cadeau d'un autre âge aux glissements des poissons d'amertume
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
les yeux des fruits nous regardent attentivement
et toutes nos actions sont contrôlées il n'y a rien de caché
l'eau de la rivière a tant lavé son lit
elle emporte les doux fils des regards qui ont traîné
aux pieds des murs dans les bars léché des vies
alléché les faibles lié des tentations tari des extases
creusé au fond des vieilles variantes
et délié les sources des larmes prisonnières
les sources servies aux quotidiens étouffements
les regards qui prennent avec des mains desséchées
le clair produit du jour ou l'ombrageuse apparition
qui donnent la soucieuse richesse du sourire
vissée comme une fleur à la boutonnière du matin
ceux qui demandent le repos ou la volupté
les touchers d'électriques vibrations les sursauts
les aventures le feu la certitude ou l'esclavage
les regards qui ont rampé le long des discrètes tourmentes
usé les pavés des villes et expié maintes bassesses dans les aumônes
se suivent serrés autour des rubans d'eau
et coulent vers les mers en emportant sur leur passage
les humaines ordures et leurs mirages
l'eau de la rivière a tant lavé son lit
que même la lumière glisse sur l'onde lisse
et tombe au fond avec le lourd éclat des pierres
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
les soucis que nous portons avec nous
qui sont nos vêtements intérieurs
que nous mettons tous les matins
que la nuit défait avec des mains de rêve
ornés d'inutiles rébus métalliques
purifiés dans le bain des paysages circulaires
dans les villes préparées au carnage au sacrifice
près des mers aux balayements de perspectives
sur les montagnes aux inquiètes sévérités
dans les villages aux douloureuses nonchalances
la main pesante sur la tête
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
nous partons avec les départs arrivons avec les arrivées
partons avec les arrivées arrivons quand les autres partent
sans raison un peu secs un peu durs sévères
pain nourriture plus de pain qui accompagne
la chanson savoureuse sur la gamme de la langue
les couleurs déposent leur poids et pensent
et pensent ou crient et restent et se nourrissent
de fruits légers comme la fumée planent
qui pense à la chaleur que tisse la parole
autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
nous marchons pour échapper au fourmillement des routes
avec un flacon de paysage une maladie une seule
une seule maladie que nous cultivons la mort
je sais que je porte la mélodie en moi et n'en ai pas peur
je porte la mort et si je meurs c'est la mort
qui me portera dans ses bras imperceptibles
fins et légers comme l'odeur de l'herbe maigre
fins et légers comme le départ sans cause
sans amertume sans dettes sans regret sans
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
pourquoi chercher le bout de la chaîne qui nous relie à la chaîne
sonnez cloches sans raison et nous aussi
nous ferons sonner en nous les verres cassés
les monnaies d'argent mêlées aux fausses monnaies
les débris des fêtes éclatées en rire et en tempête
aux portes desquelles pourraient s'ouvrir les gouffres
les tombes d'air les moulins broyant les os arctiques
ces fêtes qui nous portent les têtes au ciel
et crachent sur nos muscles la nuit du plomb fondu
je parle de qui parle qui parle je suis seul
je ne suis qu'un petit bruit j'ai plusieurs bruits en moi
un bruit glacé froissé au carrefour jeté sur le trottoir humide
aux pieds des hommes pressés courant avec leur morts autour de la mort qui étend ses bras
sur le cadran de l'heure seule vivante au soleil
le souffle obscur de la nuit s'épaissit
et le long des veines chantent les flûtes marines
transposées sur les octaves des couches de diverses existences
les vies se répètent à l'infini jusqu'à la maigreur atomique
et en haut si haut que nous ne pouvons pas voir avec ces vies à côté que nous ne voyons pas
l'ultra-violet de tant de voies parallèles
celles qui nous aurions pu prendre
celles par lesquelles nous aurions pu ne pas venir au monde
ou en être déjà partis depuis longtemps si longtemps
qu'on aurait oublié et l'époque et la terre qui nous aurait sucé la chair
sels et métaux liquides limpides au fond des puits
je pense à la chaleur que tisse la parole
autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous
Tristan Tzara
FOURMI
Une fourmi fait un trajet
De cette branche à cette pierre
Une fourmi, taille ordinaire
Sans aucun signe distinctif
Ce matin, juin, je crois le sept.
Elle porte un brin, un fétu
Cette fourmi, taille ordinaire
Qui n'a pas la moindre importance
Passe d'un trot simple et normal
Il va pleuvoir, cela se sent
Et je suis seul. Moi, seul au monde
Ai vu passer cette fourmi
Au temps des Grecs et des Romains
D'autres fourmis couraient ainsi
Dont rien jamais ne parle plus
Cette fourmi, taille ordinaire
Sans aucun signe distinctif
Qui serait-elle ? Comment va-t-elle ?
Et toi et moi qui sommes-nous ?
Et comment tournent les planètes
Qui n'ont pas la moindre importance ?
Que fait l'histoire au fond des cœurs
Et comment battent ces cœurs d'hommes
Qui n'ont pas la moindre importance ?
Que font les fourmis de l'esprit ?
Ce matin, juin, je crois, le sept.
Sans aucun signe distinctif
Il va pleuvoir, cela se sent
Cela fera du bien aux champs
- Et ta fourmi, taille ordinaire
Qu'en as-tu fait ? Que devient-elle ?
Crois-tu qu'elle était amoureuse ?
Crois-tu qu'elle avait faim ou soif ?
Crois-tu qu'elle était vieille ou jeune
Ou triste ou gaie ?
Intelligente ou bien quelconque ?
Pourquoi, pourquoi
Pourquoi, pourquoi
Ça n'a-t-il pas plus d'importance ?
Pourquoi, pourquoi
Ça n'a-t-il pas plus d'importance ?
Pourquoi... Pourquoi
Pourquoi... Pourquoi
Pourquoi... Pourquoi
Pourquoi ?
NORGE
« On est devenu soi-même imperceptible et clandestin dans un voyage immobile. Plus rien ne peut se passer, ni s'être passé. Plus personne ne peut rien pour moi ni contre moi. Mes territoires sont hors de prise, et pas parce qu'ils sont imaginaires, au contraire : parce que je suis en train de les tracer. Finies les grandes ou les petites guerres. Finis les voyages, toujours à la traîne de quelque chose. Je n'ai plus aucun secret, à force d'avoir perdu le visage, forme et matière. Je ne suis plus qu'une ligne. Je suis devenu capable d'aimer, non pas d'un amour universel abstrait, mais celui que je vais choisir, et qui va me choisir, en aveugle, mon double, qui n'a pas plus de moi que moi. On s'est sauvé par amour et pour l'amour, en abandonnant l'amour et le moi. On n'est plus qu'une ligne abstraite, comme une flèche qui traverse le vide. Déterritorialisation absolue. On est devenu comme tout le monde, mais à la manière dont personne ne peut devenir comme tout le monde. On a peint le monde sur soi, et pas soi sur le monde. » Gilles Deleuze
ces énergies qui nous gouvernent
Besos de Tilk
Guerre civile et yaourt allégé
Le canard du coin (Antraigues)
Petit Poucet Rêveur